Contexte

Il existe aujourd’hui à Genève une poignée de fermes au sein desquelles des femmes et des hommes travaillent chaque jour d’arrache-pied pour produire des denrées alimentaires de grande qualité dans le respect absolu des animaux et de l’environnement.

Ces petites fermes, indépendantes les unes des autres sont réunies par un ensemble de caractéristiques communes qui sont les suivantes :
La notion d’agriculture paysanne prend de l’importance dans le cadre des discussions sur l’agriculture.

1/Elle se caractérise par une utilisation soutenue du capital écologique (sol, diversité écologique de son implantation), une forte multifonctionnalité et une production diversifiée et avec un échange direct et transparent avec les mangeurs. .

2/ Une autre approche de l’agriculture paysanne consiste à la définir en la confrontant aux autres modèles agricoles.
Elle se distingue tout d’abord de l’agriculture entrepreneuriale qui est basée sur les capitaux fonciers et financiers et la technologie.
L’agriculture entrepreneuriale est orientée vers les marchés nationaux et se caractérise aussi par la spécialisation, la mécanisation, l’endettement et une tension vers l’augmentation d’échelle.
Elle rend les agriculteurs dépendants des marchés nationaux, des gros acheteurs de l’industrie ou de la grande distribution. Elle perd la maîtrise de l’utilisation et de la destination de sa production et en parallèle, par la production de masse, elle contribue à une dévalorisation de l’alimentation, de l’agriculture et de l’artisanat.

L’agriculture paysanne se distingue également de l’agriculture capitaliste, basée sur un modèle d’agro-exportation, c’est-à-dire d’un marché globalisé sans lien avec les politiques agricoles nationales.
L’agriculture capitaliste repose sur des travailleurs salariés, une maximisation des profits par une minimisation des coûts de production et impose ses lois au monde entier par des guerres commerciales en faisant fi des volontés des pouvoirs publics et des populations. La Suisse connaît peu ces entreprises dans leur versant productif, mais une part importante des gros opérateurs de ces marchés ont leur siège dans notre pays, qu’il s’agisse du commerce des matières premières ou de multinationales de l’agro-alimentaire comme Nestlé.
De plus, notre agriculture est désormais mise en concurrence avec les produits de masse écoulés par l’agriculture capitaliste grâce à l’ouverture des frontières et la dérégulation des marchés. En France, la Fédération des associations pour le développement de l’emploi agricole et rural (FADEAR) a voulu faire de la notion d’agriculture paysanne une notion opératoire.

Pour plus d'infos sur ce sujet voir le site d'Uniterre.
Un système alimentaire durable et solidaire
1/ Silvia Perez-Vitoria, Les paysans sont de retour, Arles, Actes Sud, coll. « Essais sciences humaines et politiques - Questions de société », 2005.

2/ Jan Douwe van der Ploeg, The New peasantries : struggles for autonomy and sustainability in an era of Empire and Globalization, London, Sterling Earthscan, 2008
L’agriculture paysanne permet à un maximum de paysannes et de paysans répartis sur tout le territoire de vivre décemment de leur métier, en produisant sur une ferme à taille humaine une alimentation saine et de qualité, accessible à tous et toutes, sans remettre en cause les ressources naturelles de demain. Elle participe avec les citoyennes et les citoyens à rendre le milieu rural vivant et à préserver un cadre de vie apprécié par toutes et tous.

« La souveraineté alimentaire désigne le DROIT qu’ont les peuples s à définir leurs propres politique agricole et alimentaire, sans vers les autres pays. »
(Définition de La Via Campesina, 1996)

La souveraineté alimentaire inclut :

  • La priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysannes et des personnes sans-terres, à la terre, à l’eau, aux semences et au crédit. D’où la nécessité de réformes agraires, de la lutte contre les OGM pour le libre accès aux semences et de garder l’eau comme un bien public à répartir durablement.
  • Le droit des paysannes à produire des aliments et le droit des consommatrices à pouvoir décider ce qu’elles veulent consommer et par qui et comment l’aliment est produit.
  • Le droit des Etats à se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix.
  • Des prix liés aux coûts de production. Les Etats ou les Unions doivent avoir le droit de taxer les importations à trop bas prix, investir dans une production paysanne durable et maîtriser la production sur le marché intérieur pour éviter des excédents structurels.
  • La participation des populations aux choix des politiques agricoles.
  • La reconnaissance des droits des paysannes, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’alimentation.

Précisée en 2007 à Nyeleni, la souveraineté alimentaire regroupe 6 principes:

1. La priorité donnée à l’alimentation des populations
2. La valorisation des producteurs d’aliments
3. L’établissement de systèmes locaux de production
4. Le renforcement du contrôle local
5. La construction des savoirs et savoir-faire
6. Le travail avec la nature

Source :
https://uniterre.ch/fr/thematiques/2012/quest-ce-que-la-souverainete-alimentaire
https://www.ritimo.org/Souverainete-alimentaire-6707

Cette approche donne la priorité à la production locale, prône le droit des consommatrices à choisir leurs produits et le droit des États à se protéger des importations agricoles et alimentaires à bas prix.

La souveraineté alimentaire accorde ainsi une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments et prône pour cela : un accès plus équitable à la terre (réforme agraire & mécanismes de sécurisation des droits d’usage du foncier), à l’eau, aux semences et au crédit ; la promotion d’une agriculture paysanne de proximité ; le refus des OGM au bénéfice de techniques agricoles qui favorisent l’autonomie des paysans.

« La souveraineté alimentaire porte enfin un véritable projet politique de démocratie locale et participative, qui propose de placer les producteurs, distributeurs et consommateurs de nourriture au cœur du système décisionnel en matière d’alimentation et d’agriculture »1 et suppose la participation active des peuples à l’échelle locale et dans le monde entier.

Source : https://www.ritimo.org/Souverainete-alimentaire-6707

1 Cf. Sarah DINDO, La souveraineté alimentaire, un paradigme alternatif : Le mouvement Via Campesina pour le droit des peuples à définir leur politique agricole et alimentaire, 01 / 2008
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7510.html

  • Ce sont le plus souvent de toutes petites structures diversifiées qui commercialisent leur production principalement en vente directe (contrats, marchés, épiceries bio et locales, magasins paysans, participatifs) et cherchent à maîtriser l’entièreté des filières (production-transformation/conditionnement-vente).
  • La production est en général réalisée sur des petites surfaces.
  • ou avec des troupeaux de petite taille.
  • Le travail manuel représente une part importante du processus de production.
  • La majorité du travail est assurée par le porteur de projet et lorsqu’il y a des employés, la rémunération du travail est très faible (le salaire horaire pratiqué en milieu agricole est souvent en dessous de CHF 17.- net / h et atteind CHF 24.- net / h dans les structures les plus stables).
  • Ces initiatives sont souvent créées par des personnes non issues de familles paysannes et par des collectifs.
  • Les principes de production sont ceux de l’agriculture biologique, de l’agroécologie, de la permaculture et de l’économie sociale et solidaire. Les questions environnementales et la durabilité des systèmes de production sont des questions fondamentales pour l’organisation de entreprises.
Le degré d’exigence des conditions de production énumérées ci-dessus est est très élevé. Le prix des denrées alimentaires dans le marché concurrentiel ne correspond pas au coût de production local.

L’accès aux subventions agricoles, aujourd’hui majoritairement lié à la surface, est restreint. Ces états de fait concourent à rendre fragile la situation économique de ces fermes. Les marges dégagées par ces activités sont faibles et sans même parler de la question des revenus, la stabilité économique de ces structures n’est pour l’instant pas assurée sur le long terme.

Même si ces petites fermes représentent une infime partie du volume de production à Genève, leurs pratiques et leurs engagements sont très appréciés des consommateurs. Ce modèle de fonctionnement a été plébiscité lors de la votation du 23 septembre 2018 sur la souveraineté alimentaire (68% de votes favorables à Genève) et est fréquemment mis en avant par les politiques et les médias. La question de la pérennité de ces structures et leur essaimage est un enjeu majeur pour le paysage alimentaire local.

Une volonté pour le long terme : encourager et consolider le mouvement et la dynamique pour l’agriculture paysanne. Ces fermes ont besoin d’une défense professionnelle adaptée (conseil technique, aide juridique, soutien économique, etc.).
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