Pas d’OGM dans nos champs et dans nos assiettes !

Nous, agriculteurs, semencières, éleveurs, boulangères, meuniers, maraîchères, bouchers, transformatrices et citoyens, appelons l’Assemblée fédérale à rejeter toute intrusion d’OGM dans nos champs et dans nos assiettes et à interdire toute importation de denrées produites à partir de ces technologies.
En 2026, le Parlement devrait débattre d’un projet de loi ouvrant la porte à des semences génétiquement modifiées. Or, le peuple suisse a toujours refusé de cultiver et de manger des OGM, une opposition matérialisée dans le vote d’un moratoire et qui, d’après de récents sondages, persiste.
Mais le gouvernement, soumis aux lobbies de l’agro-industrie, cherche à faire passer en douce une catégorie d’OGM en la soustrayant au moratoire ! Ces « nouvelles techniques de génie génétique », qu’ils osent dans leur proposition de loi désigner par l’euphémisme trompeur de « nouvelles techniques de sélection », se distinguent des « anciennes » (transgenèse) en ce qu’elles ciblent davantage la zone du génome à modifier ou n’introduisent (en principe) pas d’ADN d’une autre espèce… ce qu’elles peuvent techniquement toujours faire, que ce soit de l’ADN d’une autre espèce ou de l’ADN synthétique. Migros, Coop et Fenaco-Landi ont créé l’association « Les variétés de demain » pour promouvoir ces nouveaux OGM, censés être l’arme ultime contre la sécheresse et les attaques de ravageurs et de maladies (ce qui est plus que douteux).
Nous ne voulons pas d’OGM dans nos champs ni dans nos assiettes parce que :
Les OGM mettent le monde paysan sous tutelle
Les technologies de manipulation génétique ne sont pas accessibles aux agricultrices et agriculteurs, qui se retrouvent à la merci des marchands de semences. Même en cas de hausse des rendements, les producteurs n’en verront pas la couleur : le prix des céréales sur le marché suisse continuera de s’effondrer, alors qu’il a déjà été divisé par trois entre 1985 et 2015 ! Les agricultrices et agriculteurs de ce pays expérimentent tous les jours des stratégies pour faire face aux défis écologiques : associations de cultures, mélanges variétaux, nouvelles variétés non OGM, agroforesterie, lutte intégrée par le biais d’auxiliaires des cultures, etc. Le monde paysan est parfaitement capable, en collaboration avec la recherche publique notamment, de développer les variétés et les systèmes agricoles de demain !


La diversité nous nourrit – les OGM la détruisent
Les OGM véhiculent une conception du monde totalement dépassée. Le fantasme de maîtrise absolue du vivant par la technique s’oppose à une approche dynamique basée sur la diversité et les interdépendances. Loin de se limiter à «faire joli» dans le paysage, la diversité est une base de la production. C’est en tenant compte des spécificités des terroirs et des interactions entre les organismes vivants que l’on augmente la résistance des plantes aux bioagresseurs et leur capacité d’adaptation au changement climatique. Au contraire, les OGM ne peuvent produire les quantités promises que dans des conditions standardisées et extrêmement intensives, à court terme et au prix d’un pack technologique coûteux.
Les OGM créent une alimentation à deux vitesses
Les OGM constituent une étape supplémentaire vers le règne de la malbouffe. On a vu ce qu’il se passe lorsqu’on permet à l’industrie agroalimentaire de décider ce qui peut être mis sur le marché : la sélection de céréales au gluten indigeste a multiplié les intolérances alimentaires. La diversité est gage de qualité nutritive et favorise la transformation artisanale !
La prétendue liberté de choix du consommateur masque l’évolution vers un système alimentaire à deux vitesses. La grande distribution bradera les produits issus des OGM pour attirer les masses, et se sucrera sur les consommateurs prêts à payer cher de la nourriture garantie sans manipulation génétique !
Les contaminations sont inévitables
Les nouveaux OGM induisent les mêmes risques de dissémination que les autres. Il est impossible de garantir l’absence de contamination des variétés cultivées sans OGM et des plantes sauvages. Ce n’est donc pas de « coexistence » qu’il s’agira, mais d’une nouvelle guerre entre les paysans, autour des dédommagements cette fois.
Les manipulations du génie génétique n’ont rien à voir avec la sélection traditionnelle ni avec les croisements qui se produisent spontanément dans la nature. Elles s’opèrent avec une telle rapidité que les organismes vivants ne peuvent pas s’adapter. En outre, elles touchent des zones du génome jusque-là protégées des mutations et des modifications involontaires continuent de se produire de manière complètement aléatoire, peu importe la technique utilisée. Les plantes invasives actuelles sont bien inoffensives à côté des chimères qui se préparent !
